L'alimentation traditionnelle comme levier pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations défavorisées guadeloupéennes
Responsable du projet : Caroline MÉJEAN
Etablissement coordinateur : INRAE
Alimentation traditionnelle ; Alimentation durable ; Sécurité alimentaire et nutritionnelle ; Préférences des consommateurs ; Populations défavorisées ; Systèmes alimentaires locaux
- Coût total : 2,78M€
- Date de démarrage : 01/06/2025
- Durée : 4 ans
- Référence : ANR-24-PESA-0016
• Le défi global du projet :
Certains régimes alimentaires traditionnels, définis comme un patrimoine culturel et gastronomique d’une région, ont été décrits comme étant à la fois favorables à la santé et bénéfiques en termes d’impact environnemental et socioculturel. En Guadeloupe, le régime alimentaire traditionnel, présentant une qualité nutritionnelle élevée, semble persister chez un quart de la population. La promotion de ce régime et son intégration dans le système alimentaire guadeloupéen pourrait être une piste pour tendre vers des régimes et des systèmes alimentaires plus durables. Cependant, son impact sur les dimensions environnementales et économiques de la durabilité et son acceptabilité socioculturelle restent à déterminer.
Par ailleurs, de fortes inégalités sociales en matière de nutrition ont été mises en évidence en Guadeloupe. Étant donné la forte proportion de ménages guadeloupéens recourant à l’aide alimentaire et la fréquentation élevée de la restauration scolaire, la promotion du régime et des aliments traditionnels à travers l’aide alimentaire et la restauration scolaire pourrait être un moyen efficace d’amélioration de l’alimentation des populations défavorisées.
TI-FIG est un projet interdisciplinaire, associant épidémiologie, nutrition, économie, sociologie, agronomie, sciences de l’environnement, sciences des aliments, et acteurs locaux du système alimentaire ; il vise à identifier les leviers et conditions de promotion d’un régime et d’aliments traditionnels durables, à différents niveaux du système alimentaire (consommateurs, offre de l’aide alimentaire et restauration scolaire, territoire), pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations Guadeloupéennes défavorisées.
• Les enjeux scientifiques et sociétaux :
L’ambition de TI-FIG est de permettre une véritable avancée dans notre compréhension des leviers permettant de réduire les inégalités sociales de nutrition, tout en promouvant des systèmes alimentaires durables valorisant les ressources traditionnelles locales.
L’une des principales innovations du projet TI-FIG réside dans ses approches intégrées des leviers à différents échelles du système pour une alimentation traditionnelle durable, allant de la production agricole (arbitrages des agriculteurs, circuits de commercialisation, performances environnementales et économiques à l’échelle du territoire) à la consommation (régime traditionnel, préférences, pratiques et représentations des consommateurs), en passant par l’offre de l’aide alimentaire et de la restauration collective, incluant la transformation des aliments. Une deuxième originalité est de considérer la promotion des aliments et régimes traditionnels, non seulement comme un moyen de préserver l’alimentation traditionnelle en tant que patrimoine culturel commun dans une région du monde en transition nutritionnelle, mais aussi pour renforcer la durabilité des régimes alimentaires.
L’alimentation traditionnelle guadeloupéenne est une étude de cas transposable à d’autres systèmes alimentaires territorialisés : un modèle pour décrire, comprendre et améliorer la durabilité de l’alimentation actuelle face à la pression forte et croissante exercée sur les ressources naturelles exacerbée par l’évolution des comportements alimentaires.
TI-FIG aura un impact sociétal et économique important et devrait présenter un intérêt, par exemple : 1) pour permettre au ministère de la Santé et aux autres décideurs nationaux et locaux, de mettre en œuvre des recommandations alimentaires fondées sur les pratiques locales et sur les préférences des enfants, et de formuler des recommandations adaptées aux habitudes alimentaires des groupes à haut risque nutritionnel ; 2) pour les programmes européens et nationaux, tels que le Fonds européen agricole pour le développement rural, et pour les producteurs eux-mêmes, en fournissant des connaissances sur un système alimentaire économique plus résilient, qui partage les valeurs de manière équitable entre les parties prenantes et favorise le développement des territoires.
• Les axes du projet :
Le projet TI-FIG s’articule autour de 3 axes :
1) Étudier le potentiel des aliments traditionnels (AT) dans l’offre de l’aide alimentaire (AA) et de la restauration scolaire (RS) à rendre plus durable l’alimentation des populations défavorisées. À partir de la caractérisation fine de la durabilité de l’offre de l’AA et de la RS, nous évaluerons, par modélisation, le potentiel d’augmenter les AT dans l’offre tout en conciliant les indicateurs de durabilité (qualité nutritionnelle, économique, impact environnemental). Nous identifierons aussi les transformations domestiques et agroalimentaires des AT permettant d’améliorer leur utilisation et leur désirabilité en RS et dans les ménages défavorisés.
2) Identifier les leviers pour améliorer les préférences des consommateurs pour les AT en évaluant les arbitrages des consommateurs et les interventions pour renforcer l’adhésion à une alimentation traditionnelle. Pour ce faire, nous étudierons les représentations sociales et les préférences pour les AT et les arbitrages vis-à-vis des AT dans différentes populations (utilisateurs de l’AA, enfants, gestionnaires de cantine et parents défavorisés). Puis, nous évaluerons l’effet de la diffusion d’informations sur les AT sur les connaissances, les perceptions, les préférences et l’acceptabilité des enfants fréquentant la RS, en utilisant un design longitudinal quasi-expérimental. En parallèle, nous conduirons des ateliers participatifs avec les acteurs locaux impliqués dans l’AA et les utilisateurs de l’AA, pour concevoir les interventions auprès des utilisateurs.
3) Évaluer la capacité de la production locale à se reconnecter à l’alimentation traditionnelle dans le système alimentaire local à travers des politiques alimentaires territoriales sur la RS et l’AA. En particulier, nous évaluerons les marges de manœuvre pour augmenter l’offre locale en AT pour la RS et l’AA dans le système alimentaire local en étudiant les arbitrages des producteurs envers les AT. Nous évaluerons aussi, avec l’analyse du cycle de vie, la durabilité environnementale d’une alimentation avec plus d’AT à l’échelle du territoire basée sur différents circuits d’approvisionnement pour la RS et l’AA. Enfin, nous proposerons des recommandations sur les conditions de réussite des politiques alimentaires territoriales pour accroître simultanément les préférences des consommateurs pour les AT et l’offre en AT dans le système alimentaire local.
- Établissement coordinateur : INRAE
- Établissements partenaires : Université des Antilles, Université Paul Valéry, IRD, Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), Communauté d’agglomération du Nord Grande-Terre (CANGT), Banque Alimentaire de Guadeloupe




